Comme vous le savez en septembre 2023 ma petite maman s’en est allée. Je pense souvent à elle, le deuil n’est pas fini même si mes filles insistent et me disent ” il faut “. On ne commande pas ce genre de choses. 

Il y a un autre deuil ou peut-être plusieurs dont je n’ai pas parlé. Les grandes douleurs, je peux les écrire dans mon journal, mais je peux pas les écrire tout de suite ici, il faut attendre un peu. C’est mieux d’ailleurs car les événements s’enchaînent et il faut attendre que la situation s’apaise, se tasse pour ne pas se perdre dans les détails. 

En novembre mes filles devaient venir chez moi pour mon anniversaire. Artémis venait seule, Jérémy ne venait pas ce qui était devenu très courant, il était toujours débordé. 

Juste avant Artémis m’annonce que Jérémy et elle se séparent après 13 ans de vie commune et qu’elle va apporter des valises chez moi. 

Je ne suis pas aveugle, j’avais bien vu que les relations de couple se dégradaient. Il évitait les fêtes de notre famille, mais pas seulement. Les copains, le rugby, les beuveries, il n’était jamais chez lui. Il pouvait partir à un entrainement le soir et rentrer à 7 h le lendemain. Quand j’étais chez eux en week-end je ne dormais pas, je m ‘inquiétais comme quand ils étaient jeunes car Jérémy roule souvent alcoolisé. D’ailleurs j’étais contente quand il s’est acheté une vieille voiture, je craignais toujours qu’il ne plante celle de ma fille qui n’aurait plus rien pour aller travailler. 
Et quand il était là ils se disputaient car Artémis lui reprochait à juste titre tout ce qu’il ne faisait pas à la maison : évier bouché depuis 3 mois, cabane à outils jamais rangée, énorme tas d’objets destinés à la déchetterie. Certains leur demandaient quand ils allaient se marier et avoir des enfants, mais Artémis n’était pas folle. Ce serait pareil que pour sa chienne adorée Sylva  : elle se levait à 5 h pour la promener une heure le matin, la promenait encore une heure le soir, et faisait des randonnées le week-end, l’emmenait chez le vétérinaire, payait les soins. Lui trouvait super un chien pour faire des câlins mais les rares fois où il la promenait c’était 10 miinutes. Bien sûr il l’emmenait à la chasse mais il arrivait aussi qu’il décide de ne pas y aller si il s’était couché trop tard. 
Athéna avait fini par le détester : pas fiable. Souvent il nous a fait des plans, il s’engageait comme pour mon déménagement et trouvait une excuse pour ne pas venir. 
Je ne compte pas non plus le nombre de fois où Artémis s’est retrouvée dans des galères financières par sa faute : impayés, loyer en retard, elle avait fini par mettre tous les prélèvement sur son compte. 

Comme je l’ai dit souvent : ils se sont connus à 20 ans, elle a évolué mais pas lui ! 

N’imaginez pas que je pense qu’Artémis n’a pas de défauts, ni qu’elle n’a pas de torts. Peut-être que je ne sais pas tout. Mais je sais que pour ce qui concerne la ” tenue du foyer ” comme disait ma mère, les comptes, la paperasse, l’organisation du quotidien, des vacances et tout le reste, c’était Artémis et personne d’autre. Durant de nombreuses années il s’était occupé du bricolage, de la voiture des grosses courses et puis… 

Malgré tous les défauts de Jérémy que j’appelais mon gendre bien qu’ils ne soient pas mariés, j’étais très attachée à lui et la réciproque était vraie. Il m’a souvent dit de quitter l’Ile de France, il voulait que j’habite à Pruneau plutôt qu’à RosevilleduSud. Il était comme un fils je l’ai connu à 15 ans. Il était taquin, possessif avec moi, nous nous ressemblions par certains côtés et comme une mère et son fils nous pouvions nous chamailler. Mais il y avait une vraie complicité entre nous : très souvent nous allions faire des courses juste tous les deux ou il m’emmenait en balade quand j’étais seule avec ma mère à la Sauvageonne et que je m’ennuyais. 

Artémis me le reprochait presque : elle en voulait à son père qui ne supportait plus Jérémy et me disait que j’étais la seule à bien l’aimer ” un peu trop d’ailleurs “. 

Bref comme dirait Martine au delà de l’inquiétude pour ma fille, il y a eu aussi mon propre chagrin. Pas seulement le fait de ne plus le voir mais c’était aussi le deuil de ce couple. Je disais souvent ” mes grands et mes petits “. Athéna et Jim, Artémis et Jérémy et j’étais même fière et heureuse que mes filles soient en couple depuis plus de 10 ans. Le jour de mon anniversaire Artémis a demandé que l’on parle de son avenir, de sa recherche de maison mais pas de lui car elle souffrait. Je suis allée à partir de ce moment très souvent chez elle pour l’aider car il y avait beaucoup de travail avant de quitter la maison. 

Au début tout se passait bien. Jérémy est retourné s’installer dans la petite maison près du port où ils ont habité longtemps. Après le confinement ils avaient loué une grande maison avec un grand jardin. La petite maison qui appartient aux parents de Jérémy était en cours de rénonation et toujours pas louée. 
Jérémy venait manger le midi en l’absence d’Artémis, il venait voir Sylva et laver son linge. Ils dînaient parfois ensemble. Ils ont partagé les meubles lui prendrait tout ce qui était très gros : le lit, le canapé la grande table. Artémis se moquait des meubles, elle ne garde que l’essentiel. 
Le premier week-end j’ai presque pleuré car il était parti et qu’il y avait ses affaires partout. Le week-end suivant les meubles étaient partis, c’était triste de voir la maison presque vide, une table plus petite, un clic clac dans le grand salon. il faut dire que j’ai toujours bien aimé cette maison. Là c’était Artémis qui allait parfois faire des lessives chez lui. Ils s’étaient mis d’accord pour qu’elle garde sa chienne et qu’il vienne quand il voulait la chercher pour chasser ou autre, lui n’ayant pas de jardin. 

Le deuxième week-end je ne souffrais plus de l’absence de Jérémy. Au fond même quand ils étaient encore en couple, il n’était jamais là, j’étais avec ma fille, ça ne change pas grand chose comme l’a justement fait remarquer Athéna. 

Il y avait un travail monstrueux à faire. Non seulement la déchetterie, mais le rangement. Chaque fois que Jérémy promettait de venir une journée pour bricoler ou ranger, il ne faisait rien. J’étais ma fille du mieux que je pouvais. Heureusement elle avait des amis, un copain qui a du faire 4 voyages déchetterie, des réparations, une copine qui aidait à faire des cartons. 

Entre temps Jérémy en décembre s’était déjà trouvé une copine, ” une moche” . Dixit ses copains de rugby qui croyaient peut-être qu’il avait quitté Artémis pour une autre et ne comprenaient pas qu’on quitte une ” magnifique ” pour une ” moche “.  Je sui d’accord ma fille est magnifique ! D’autant que le Coronatruc et la rupture lui ont fait perdre les 3 kilos en trop qu’elle avait, même si sa maman disait que ça ne se voyait pas ! Bref tant mieux pour lui mais ça ne l’empêchait pas de lui téléphoner tous les 4 matins et de lui envoyer des tas de messages. 

Puis il y a eu Noël et le jour de l’an. Pour Noël Artémis est venu avec Sylva chez Athéna et Jim. Pour le jour de l’an c’était Jérémy qui avait Sylva. Il n’arrêtait pas d’appeler Artémis parce que Sylva avait ceci ou cela. Comme disait Artémis : il cherchait une excuse pour m’appeler. Tout cela fait penser aux divorces sauf que là l’enfant c’est un toutou, et vous verrez par la suite que cela rappelle beaucoup d’histoires entendues de ci de là. 

La propriétaire de la maison était venue faire un ” pré était des lieux ” et en profiter pour inventer des choses : ” les volets c’est à vous de les repeindre ” ben voyons ! 

Artémis a visité pas mal de maisons. Elle voulait se rapprocher du travail. À chaque fois elle nous disait à Athéna et à moi : ” on ne va pas me retenir, on ne va pas choisir mon dossier ! “. Je la rassurais. Et j’ai eu raison : elle a été acceptée pour deux locations, cruel dilemne ! Elle a choisi la plus petite, la moins chère mais aussi très jolie, très atypique, j’ai eu un coup de cœur moi aussi. 

Lorsqu’Artémis a prévenu son ex qu’elle avait trouvé un maison il s’est faché tout rouge : il l’a menacée de prendre la chienne Sylva à plein temps, elle partait habiter trop loin, il ne pourrait pas venir etc. 
La vérité c’est qu’Athéna et moi pensions la même chose : pendant 6 mois il viendra la chercher et puis ça lui passera et tu seras tranquille. Sauf que Monsieur n’avait pas vu les choses comme ça. Il lui a même demandé pourquoi elle ne restait pas dans le même village ! Ben voyons et pourquoi pas lui donner un double de sa clé ! 
Artémis avait 40 minutes de route pour aller travailler en déménageant elle n’a plus que 20 minutes. 

balade nature

Un mercredi je suis avec Artémis, sa chienne, une copine, un copain et une meute de toutous pour une grande balade. Jérémy est à la maison et fait un caprice car il veut la chienne tout de suite ! Il la harcèle, lui envoie 50 messages, menace de casser les pattes du chat. Je dis à Artémis de garder tous ses messages. 

Quand nous arrivons il est furieux, ni bonjour, ni merde, il fait monter Sylva dans la voiture et est parti en trombe. Pourvu qu’il ne la tue pas me dit Artémis, mais lui qu’il se plante, bon débarras ! 

Cette nuit là je n’ai pas dormi, le lendemain j’ai failli faire un malaise tellement j’étais stressée et inquiète pour Artémis. 
Ce n’était que le début. 

à suivre