Une grande rêveuse

J’entends souvent des personnes dire que l’hiver c’est long, ce n’est pas drôle. Nous ressentons du vague à l’âme, du blues, un moral en berne et le plus souvent sans vraie raison. Nous attendons le rayon de soleil qui heureusement dans mes contrées arrive plus vite qu’en Ile de France.

Je me souviens que février était une période pas facile pour Martine et moi. J’emmenais ma maman passer tout l’été à la Sauvageonne, et puis les vacances de Noël arrivaient mais comme chacun le sait Noël ce n’est pas vraiment reposant. En février vacances scolaires, même si ça faisait un moment que mes filles et la plupart des petits enfants de Martine n’étaient plus à l’école, février donc était l’époque où ma fratrie partait en vacances. Pour ma part je n’ai jamais été tentée par le ski, la neige, le froid, Brr ! Mais j’aurais sûrement emmener Martine quelque part n’importe où si j’en avais eu les moyens, histoire de changer d’air.
Il fallait attendre Pâques pour reprendre la route.

Aujourd’hui je n’ai plus ma maman, je suis toujours en vacances, mais bizarrement je ressens encore cette envie de bouger, je trouve l’hiver long et même si je ne suis plus qu’à une heure de route de la Sauvageonne il y fait trop froid l’hiver.
Dimanche Artémis est partie avec sa copine et son chien à Biarritz pour une journée, randonnée et pique nique je me suis dit qu’elle a vraiment de la chance

J’ai pourtant fait une petite escapade amusante début février.

Artémis je vous l’ai déjà raconté a énormément souffert d’être séparée de sa chienne que son ex lui a interdit de voir, je dirais presque que c’était plus dur que la séparation avec lui ! Ma fille est une passionnée d’animaux, son rêve est une grande maison avec un terrain et des chats, des chiens, un âne, des chèvres. Mais pour le moment Artémis ne souhaite pas reprendre de chien car elle fait des activités le soir, sport, danse , elle y va après le travail et ça ferait des journées trop longues pour un toutou. Elle dorlotait vraiment sa chienne, se levait à 5 h pour la balader une heure avant de partir travailler et refaisait une balade d’une heure et demie le soir.

Mais il lui restait une petite chatte Kali, pas du tout adorable car pas du tout câline, seule Artémis arrivait à l’approcher. Hélas en novembre Kali qui n’avait pourtant que 9 ans a eu du mal à respirer. S’ensuivent deux week-ends catastrophiques, Artémis m’appelle, ne sait pas quoi faire. Elle a en ligne un vétérinaire et emmène sa petite bête à la clinique. Après des examens et des diagnostics, le week-end suivant on lui dit qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Peut-être l’emmener à Bordeaux mais rien ne prouve qu’elle supportera le voyage, ou alors décider de mettre fin à ses souffrances. Artémis ne dort pas de la nuit moi non plus. Faut-il y aller maintenant et ne pas dormir (il y a de la route à faire, donc elle ne rentrerait pas chez elle et irait travailler après). Et si elle meurt seule elle ne pourra pas se le pardonner. Et si elle meurt, elle sera incapable de reprendre le volant de nuit, trop de larmes. Faut-il attendre demain matin et risquer de ne plus la voir car ce sera trop tard ? Quelle décision prendre ?

Dans ces moments là je regrette toujours d’être un peu loin de mes filles, c’est évident que je l’aurais emmenée sans hésiter à la clinique vétérinaire même en pleine nuit, c’est évident que j’aurais conduit, j’aurais attendu pas dormi, je suis une mère en or ! Hihi !

Finalement Artémis a attendu le matin, elle a pu voir son bébé Kali très mal en point qui ne pouvait même pas ouvrir les yeux. Elle a miaulé en reconnaissant son odeur. Elle a donc pris la difficile décision. Et puis il y a eu tout le reste, l’énorme facture à payer, l’urne qu’Artémis a choisi et puis le vide. Je comprenais car même moi quand j’allais chez Artémis ça me faisait drôle de ne voir aucun animal, à part le chat errant qui continue à venir se nourrir et a peur de rentrer dans la maison.

Puis Artémis a décidé d’adopter un chat. Je me disais que c’était plus facile de trouver un chat qu’un chien. Mais que nenni. Artémis est difficile, elle veut une adoption SOS, elle veut un chat dont personne ne veut. C’est tout à son honneur. Mais ensuite elle décide qu’elle veut deux chats. Deux chats pas facile à adopter.

Après bien des recherches, elle finit par trouver deux amoureux. Une chatte qui a été souvée d’une déchetterie où elle a grandi et un chat né dans une association. Ils ont en commun d’être très craintifs de l’humain, donc pas de câlins, et d’être inséparables. Le chat est agressif, la chatte très craintive. Ils sont dans une famille d’accueil depuis longtemps. Le hic c’est que c’est à 4 h 30 de route.
Artémis contacte l’association qui est ravie vu que personne n’était intéressé par les matous.

Une vraie adoption dans les règles. D’abord Artémis fait une visio avec la famille d’accueil. Elle est séduite par les chats. Ensuite la dame lui envoie des photos, des vidéos. Puis l’association fait une visio avec Artémis pour voir si son habitation est adaptée et si elle a tout le matériel. Pas de soucis Artémis avait déjà tout et a demandé des cadeaux de Noël spécifiques : tunnel de jeux, gamelles, panier de transport.

Puis enfin il faut caler la date. Je dis à Artémis que je viens avec elle, je ne vais pas laisser faire l’aller et retour seule avec des chats. Je dis à tout le monde qu’Artémis a pris une semaine de congés d’adoption de chats. Non ne cherchez pas, ça n’existe pas, mais c’est vrai qu’elle a pris une semaine de congés le temps que les animaux s’adaptent.

Artémis loue un gîte où nous devons dormir le jour où nous arrivons puis nous irons récupérer les chats le lendemain avant de repartir. Après la route, nous nous installons dans un petit gîte dans une ferme au milieu de la campagne. Un chaton vient nous accueillir il veut des caresses. La campagne, l’hiver la boue, brr tout ce que je déteste, heureusement le gîte est propre et bien aménagé, confortable du moins à vue d’oeil.
Artémis veut absolument voir les chats ce soir, donc c’est parti pour 40 minutes de route. C’est un peu compliqué car la dame est en déplacement, il n’y a que le monsieur, appelons-le Martin. Il est jeune très sympa, ils ont 3 chats à eux et un chien. Nous voyons de loin les futurs bébés d’Artémis, elle va les voir de près, ils nous observent du haut de l’escalier. Puis nous repartons, j’apprends que nous pourrons venir chercher les chats que le mercredi en début d’après-midi, Merzut, j’éspérais repartir le matin !

Le soir nous mangeons dans le gîte. Le chaton s’est imposé, il est très câlin et Artémis ne veut pas le mettre dehors. Nous passons une nuit horrible, le canapé lit est inconfortable, la couette trop petite, il fait froid, le chaton m’oblige à me lever trois fois car il monte sur le bar de la cuisine et cherche à manger, il fait même un trou dans le paquet de pain de mie. Le reste du temps il ronronne, dort entre nous et j’ai peur de l’écraser ! Pour finir le matin il fait pipi sur la couette !

La matinée passe vite : rangement, vaisselle, re-grignotage puis nous partons dans la famille d’accueil. Martin a déjà mis la femelle dans le panier qu’Artémis a déposé la veille. Mais pour le mâle c’est plus compliqué. Il est enfermé dans une pièce où il est tranquille. Martin monte, redescends avec les bras tout griffés alors qu’il a des gants. Il attends que le chat se calme, nous offre un café. À un moment il nous dit qu’il va falloir aller acheter un panier de transport pour chien très très grand ! Je commence à désespérer, je n’ai pas envie de faire du shopping !

Finalement au bout d’une heure Artémis et Martin parviennent à mettre le chat dans une cage de transport que Martin nous donne. Nous prenons la route, je conduis presque toute la route. La chatte miaule de temps en temps. Quand nous nous arrêtons pour attraper quelque chose dans le sac posé au sol devant la banquette où est le panier du chat il bondit comme un tigre !
Nous avons des bouchons même si c’est la semaine et nous arrivons à la nuit. Artémis fait sortir les chats au rez-de-chaussée de la maison avec moult précautions et leur montre la litière. Ils se perchent en haut de la bibliothèque. Nous montons la à l’étage pour une nuit enfin normale, nous les entendons visiter le rez-de-chaussée. Au réveil Artémis cherche les chats partout et me dit ” ils ont du s’échapper ! “. C’est impossible portes et fenêtres sont fermées. Je lui montre la poutre au dessus de l’escalier, ils font tous les deux là !

Nous les voyons à peine ce jour là, toujours cachés, mais ils ont évolué très vite. Artémis a du ruser pour prendre des photos.

 

Puis je rentre chez moi et les chats s’adaptent à Artémis ou l’inverse. C’est un challenge mais elle aime ça. Petit à petit ils la regardent, se cachent moins, jouent à terre, se font des câlins, ronronnent. Le chat ne se montre pas agressif du tout, c’est juste qu’ils veulent voir leur humaine de loin, ça viendra. J’imagine que ce ne sera pas facile de les emmener chez le vétérinaire.

Ma fille est ravie et c’est l’essentiel. Elle dit que beaucoup de gens lui reproche ou vont lui reprocher d’avoir pris des ” chats c*ons ” mais elle estime qu’un chat n’est pas obligé d’être câlin et qu’ils ont le droit d’être adoptés. D’ailleurs qui se ressemble s’assemble Artémis n’aime pas qu’on la colle, ni les câlins et nous lui disions souvent que Kali était comme sa maîtresse.

Quand à moi il y aura des vacances où je devrais aller garder les amoureux !