Il y a peu nous parlions avec mon précieux du plaisir d’écrire. Il m’a parlé entre autre choses de l’écriture en tant que création.
J’avoue que cela m’a interpellée et que j’y ai repensé plus tard. Je n’avais jamais pensé à l’écriture en tant que création… Et pourtant ! 

Ce billet sera certainement un peu fouillis, car les idées sur ce sujet me viennent en vrac. 

Écrire en effet, ce n’est pas seulement jeter des mots sur le papier même si le plus souvent les mots viennent tout seuls. Il y a tout ce travail, cet ” avant ” qui est bien souvent sous-marin, voire inconscient (j’y reviens). 

Un travail de mémoire et pas seulement. Collecter, souligner, s’enrichir, observer, garder, collectionner, trier, classer.
C’est vrai que l’écriture vient après. 

Lorsque je lis des ouvrages d’historien, des biographies, je suis toujours impressionnée par le travail de recherche que cela représente. Il suffit de lire la bibliographie en fin de livre. J’imagine l’auteur assis à un bureau ancien entouré de livres, de papiers, des dossiers et qui va mettre tout cela ensemble dans son ouvrage…Comme on mettrait des pièces dans un puzzle ou comme un jeu de construction. 

À l’époque où j’écrivais à la machine ou à la main, j’écrivais des romans et des nouvelles, il m’arrivait souvent d’écrire un paragraphe et de le mettre de côté, je les numérotais, puis dans le ” vrai texte ” je mettais des croix avec un numéro : ici sera le paragraphe numéro 1, là il faudra ajouter le 2. J’adorais faire ça. Bien entendu c’était le brouillon et il fallait tout recopier après.
À l’ère du clavier, l’exercice de copier-coller est bien plus aisé, mais il reste le même. 

J’ai parlé de ” travail avant ” inconscient, je parle pour moi. Un blogueur (je parle de blogueurs puisque nous sommes là) comme Marc (ou d’autres que je connais) qui écrit des billets pour donner une information, ou pour raconter un voyage fait ce travail préalable de manière consciente, mais peut-être pas toujours. 

En ce qui me concerne, je n’en ai pas conscience. Un souvenir revient et j’ai envie de l’écrire, mais jamais je n’aurais pensé que ce souvenir reviendrait ni que j’aurais envie de l’écrire. J’assiste à un mini événement, je regarde un paysage qui me plaît, j’ai noté l’information dans ma tête, mais je n’ai pas forcément pensé que j’en ferai un billet. Il y a aussi l’inverse les fois où je me dis ” ça ferait un bon billet ” il arrive même que je commence à l’écrire et puis finalement non. 

Avant de passer à une autre idée, j’ajoute que cette façon de fonctionner, cet esprit de ” collecter, garder, trier, classer ” quand on l’a, cela ne se limite pas à l’écriture. Il suffit de voir mes albums photos, mes diapos, mes articles de journaux, mes livres.
Et comme je l’ai dit à mon précieux cet esprit de ” classement ” (pour faire court) il faut le mettre au service de quelque chose… Sinon on tourne vite en rond et j’ai connu des périodes comme ça. 

À une époque j’aurais aimé savoir dessiner, seulement parce que c’est plus facile à partager. Si vous êtes peintre amateur, sculpteur ou musicien vous êtes un artiste.
Personne ne vous dira que vous être un artiste parce que vous écrivez, sauf si c’est votre métier. 

Pour ma part, et je ne suis pas la seule dans ce cas, l’écriture est un exercice d’intropection, solitaire et secret. Je n’ai jamais montré mes écrits au premier venu. Je parle des nouvelles ou romans, pas de mon journal. Jeune fille quand je disais que j’écrivais des romans, la réponse était toujours  ” il faut te faire publier ” alors que la célébrité ne m’a jamais attirée, et que la publication n’est pas une fin en soi. 
Si vous avez le malheur de dire que vous écrivez un journal, vous êtes catalogués ” un brin psycho ” comme me l’a dit si gentiment ma belle-sœur. 

Le blog inutile d’en chanter les louanges vous êtes tous convaincus.
Le blog est public et pourtant l’écriture reste une activité discrète pour moi. Je blogue en anonyme et ce n’est pas seulement pour me protéger des dragueurs lourdingues. J’ai eu affaire à des dragueurs lourdingues et collants, mais comme c’était par mél, ça reste relativement sans danger. 
Bloguer en anonyme cela veut aussi dire que mes proches ne le savent pas, ma tribu ne le sait pas et je n’ai aucune envie qu’ils me lisent. Je reste cependant réaliste : cela ne les intéresserait pas et ils sont bien trop débordés pour lire un blog !

Les blogs sont très variés, on peut bloguer pour diverses raisons :
- pour s’épancher,
- parce qu’on aime écrire,
- parce qu’on aime raconter des histoires, 
- pour partager… le partage englobe beaucoup de choses : informations, photos, bons plans, test de matériel, culture, témoignages
- pour s’occuper, s’amuser


Il y a aussi les blogs que j’appelle ” blog carte postale ” (moins nombreux maintenant) où on avait l’impression que le blogueur écrivait pour donner des nouvelles :
 ” Je vous écris pour vous dire que j’ai fini mes travaux dans la cuisine et je pars en vacances demain ” et où les commentateurs étaient tous des blogamis qui répondaient sur le même ton : super ! bonnes vacances, bisous ! 

Vous pouvez très bien ne pas cacher votre blog, ce n’est pas pour autant que les gens qui vous connaissent vont vous lire.
Triste sort d’écrivain vous n’êtes pas considéré comme un artiste !

Je dis souvent que seul un blogueur peut comprendre un blogueur, que seuls ceux qui écrivent savent ce que c’est. Je l’ai déjà raconté je crois, il m’est arrivé de me sentir assez proche d’un ou d’une amie pour lui donner l’adresse de mon blog et j’ai été déçue. Il y a celui qui vous dit ” oui je lirai ” et qui oublie, celui qui a lu vite fait et se promet d’y revenir et de vous donner son avis, mais n’a pas le temps, celui qui a lu mais n’a rien compris. ” Euh c’est quoi exactement ? Des billets d’humeur c’est ça ? “.
La vérité c’est que l’autre en face est encombré avec ce secret partagé, il a bien senti qu’on attendait de lui un avis, mais que… voilà ce n’est pas son truc. Il faut être blogueur pour comprendre un blogueur ! 

C’est un peu comme quand je prêtais un livre à une copine, persuadée qu’elle allait l’aimer et que nous allions en parler, et qu’elle me le rendait en me disant ” oui c’est bien ” … et qu’elle avait oublié le marque page à la page 10 ! 

L’écriture c’est une création et une activité secrète. Et cela me convient très bien.