De saut de puce en saut de puce, de chansons en livre et de clic en clac, il m’arrive souvent d’appronfondir un sujet, de découvrir une histoire, un auteur. Parfois juste à partir d’une photo, d’une chanson. J’y reviendrai dans un autre billet. 

Il m’arrive aussi de refaire le chemin à l’envers en me disant : mais au fait le point de départ c’était quoi ? Heureusement j’ai une mémoire d’éléphant et je retrouve toujours le point I, l’instant T, le jour J. 

Tout commence par un jour où à la fin du JT l’invité est Dany Brillant qui sort un album ” Chante Aznavour “. D’ordinaire je n’aime pas trop les reprises, je préfère les originaux. Y compris quand des chanteurs vieillissants avec une voix cassée veulent reprendre leur tubes de jeunesse. Beurk ! Alors qu’il suffit d’un clic pour retrouver l’original. Le but est de faire connaître les vieux tubes aux jeunes.. Mmm si on veut, ça dépend des jeunes. Mes filles savent qui sont Joe Dassin, Gérard Lenorman, Hugues Auffray. 

Bref comme dirait Martine je m’égare. Parlons d’abord de Dany Brillant. J’ai toujours bien aimé ce chanteur peu connu. Cédric se moquait de mes goûts musicaux, surtout quand il s’agissait de variétés, (il s’est moqué toute sa jeunesse, mais plus tard il m’a ” emprunté ” tous mes vinyles de Jean-Jacques Goldmann).
Donc Dany Brillant était selon mon frère, un ” rocky des bacs à sable “, un ersatz d’Elvis. 

Soit mais j’ai toujours aimé le ” vrai rock “ rockabilly, et son style bien à lui. Je trouvais aussi qu’il était plutôt craquant, sympa souriant.
Chose amusante je trouvais qu’il ressemble à Pierrick mon ami de jeunesse du Sud…
Z’avez qu’à suivre…


J’ai dans mon tiroir un CD de Dany Brillant ” Havana “  qui ne pouvait que me plaire avec ses rythmes salsa.
L’an dernier Artémis tombe sur ce CD et me dit : tiens c’est marrant on dirait Raoul !
Raoul est le fils de Pierrick pote avec mes filles.
J’en suis restée baba : c’est drôle que tu dises ça ! Dany Brillant m’a toujorus fait penser à Pierrick ! 

Donc le JT parle de lui, le journaliste lui demande le pourquoi de son choix de chanter Aznavour. Curieuse de nature, j’achète légalement (si si ! ) les mp3 et sans les écouter je les mets sur une clé USB pour la voiture. 
C’est ainsi qu’au hasard de mes aller et retour j’écoute les chansons. Je suis agréablement surprise. Le timbre de voix est assez similaire à celui du grand Aznavour, et à part une ou deux chansons un peu ” modernisées ” je m’y retrouve. 
En passant je ne suis pas très moderne : j’ai un faible pour les chœurs, les nombreux instruments, tout ce tralala qui me tire les larmes, bien plus que les ” remasterisés ” avec juste un piano ou un synthé. 

Et voilà qu’en rentrant d’une ” démarche corvée “ j’entends la chanson ” ils sont tombés “. J’ai les larmes aux yeux et je fais un voyage dans le passé. 

La première fois que j’entends cette chanson ce devait être devant Maritie et Gilbert Carpentier. À l’époque je brulais du papier d’Arménie avec ma sœur dans notre chambre et je pensais qu’Arménie était un nom romantique inventé pour l’occasion comme l’encens. J’ignorais les origines de Charles Aznavour et son vrai nom.

Après ce voyage bouleversant en voiture, j’ai eu envie de ré écouter l’originale avec les choœurs et les instruments. J’ai eu des frissons partout, j’ai du retenir mes larmes. Il n’y a que quelques chansons dans ma playlist qui me font cet effet et puis j’ai fait un voyage dans le passé plus proche cette fois. 

Dans ma ville il y a une commnauté arménienne, une église arménienne, un monument aux morts. Tout le monde connaît au moins un arménien. Mon voisin le regretté Maurice était une figure locale entraîneur du club de foot. À cette époque j’avais aussi un collègue arménien. 

Artémis était en classe avec une arménienne Sonia , celle ci avait de nombreux amis et cousins cousines. Elle disait que tous les arméniens se connaissent à MaVille, c’est ainsi qu’elle a un jour salué mon voisin. 
Artémis ravie de découvrir une nouvelle culture et un nouveau groupe s’est vite fondue dans la masse. Avec sa chevelure d’ébène elle était ravie quand on la prenait pour une arménienne. Elle a même changé son nom sur FB pour s’appeler Grandereveusian. Dans la vraie vie notre nom passe très bien avec un IAN à la fin !

À l’heure où Athéna rêvait de tatouage et était attirée par les mauvais garçons du stade de foot, Artémis appréciait les bonnes manières, la galanterie et la classe des arméniens. Ils allaient à Paris dans un restaurant arménien et rentraient en taxi, le rêve pour une ado. 
Plus tard Artémis m’y a emmenée et m’a également fait découvrir des restaurants de Ville Natale prisés par son groupe d’amis. 

Un jour elle a acheté un coffret de DVD ” Mayrig “  et ” 558 rue Paradis ” et m’a dit : on les regarde ensemble.
J’ai regardé Mayrig avec elle, elle l’avait déjà vu et prenait soin de moi : ” attention cette scène est horrible “. Plus loin dans le film j’ai reconnu une scène : mais je connais ça ! On nous faisait lire ce passage à l’école, c’est Henri Verneuil !
En effet j’ignorais que le film était tiré du livre, émotion supplémentaire. Surprise de ma fille : ” comment tu peux te rappeler d’un passage de livre que tu as lu en primaire ? “.
Nous devions regarder le deuxième film mais le temps a passé, Artémis a été débordée, je lui en parle souvent : je t’attends toujours pour voir le deuxième DVD.

Artémis a suivi des rassemblement avec ses amis à Paris, elle me montrait les photos et les drapeaux, ravie encore une fois qu’on la prenne pour une arménienne. 

En 2001 Artémis et Sonia se rendent à Paris où c’est la fête, le génocide a été reconnu par la France.
À la sortie du métro des CRS les arrête :

- Vous venez pour quoi ? 
- Pour le rassemblement.
- Vous êtes turques ou arméniennes ? 
- Arméniennes. 
- Alors c’est de ce côté ! 

J’ai trouvé amusant ce tri, juste basé sur l’affirmation. Tout s’est bien passé, j’enviais presque ma fille d’avoir participé à l’euphorie. 

Le temps a passé, Artémis a déménagé, revoit son amie de loin en loin, elle a repris son vrai nom sur FB. Mais c’est tout de même très positif d’avoir approché une culture et l’histoire d’un peuple, on oublie jamais ce genre d’expérience. 

Après avoir écouté ce titre, je l’ai envoyé à Artémis en lui demandant si ça lui rappelait des souvenirs.
Oui bien sûr dès les premières notes, même si elle ne connaissait pas la chanson elle connaît Charles Aznavour ! 

Je vous laisse profiter.