J’étais encore une enfant, je lisais et relisais la Comtesse de Ségur.

Et dans ma tête de petite fille, les parents étaient ” comme les petites filles modèles ” c’est à dire tout plein de bonté et d’abnégation (non non je ne connaissais pas ce mot).

Un jour en revenant de la maison de campagne, dans la voiture, j’avais un peu froid. Pendant que mon père fermait le portail et que nous attendions tous sagement dans la voiture, je décidais de tester ma théorie :

- maman tu peux me prêter ton gilet ?

Martine, loin d’imaginer que je la testais me répondit : Ah non ! Je vais avoir froid moi !

Bien déçue, j’en conclus que ma mamam n’était pas comme les petites filles modèles !

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Des années après j’y ai repensé.
Je savais que j’aurais donné mon gilet, voire ma chemise pour mes filles quitte à grelotter, même si je suis loin d’être une petite fille modèle.
Je me souviens de vacances de Pâques en Bretagne en famille, avec Cédric, Marianne et toutes nos filles, nous visitions la ville et nous étions en plein vent sur un pont, il s’est mis à pleuvoir à verses. Artémis,  petite fille, grelottait, je lui ai donné mon K-Way beaucoup trop grand dans lequel je l’ai enroulée. Bien entendu j’étais trempée.

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Aujourd’hui encore j’ai du mal à comprendre les contradictions de ma mère !
Quand on sait qu’elle en fait toujours trop pour les enfants, qu’elle en fait des tonnes quitte à se faire houspiller parce qu’elle les gâte trop, et pas seulement ses petits enfants, c’était la même chose pour nous.
Cependant elle est capable parfois d’opposer un refus catégorique pour des choses étranges et sans fondements.
Aurait-elle eu l’intuition que je la testais ?

Petite précision : avec mon regard d’enfant elle aurait du se sacrifier.
Mais avec mon regard d’adulte, la réaction m’étonne parce qu’au lieu d’opposer un non catégorique, elle aurait pu au moins avoir une phrase telle que :

- tu as froid, tu veux une couverture, tu n’as pas pensé à prendre de pull ?

Elle serait surprise que je me souvienne de cela !