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Jeudi matin. Je décide d’aller à la médiathèque de Petite Colline, parce que les “pass internet” de Mandarine c’est vraiment de l’arnaque, non seulement ça rame, mais les heures ne sont pas les mêmes que celles de la pendule, elles ont tendance à durer 20 minutes, oui même si Internet est chronophage, il faudra que je contrôle ça montre en main un jour, il y a des choses bizarres !

Donc passage à Picho, puis à Bricolerama parce que Martine a besoin de quelque chose.

J’arrive à Petite Colline et j’ai une furieuse envie d’aller aux toilettes. Ça m’énerve, je viens de partir de la maison. Il y a des toilettes à la médiathèque mais il faut que je monte à pied tout en haut de la petite colline. Tant pis, je me lance, je me gare à côté de la poste, histoire de saluer au passage le poteau rouge et de l’insulter !

La porte est complètement déglinguée. Dans les fêtes de village, c’est courant quand il y a des toilettes dans les salles des fêtes. On se débrouille à caler avec le pied ou on demande à quelqu’un de surveiller.
Mais là on est en plein jour. J’arrive à fermer le verrou, chouette ! 

Sauf qu’après je n’arrive plus à l’ouvrir ! Non oh non pas ça !

Ouf le verrou s’ouvre ! Toute contente je tire. Rien à faire. Je tire encore, je tire, la porte vient légèrement vers moi, mais ne s’ouvre pas. Je respire à fond ! Je recommence !

Je suis forte comme un turc, elle ne me résistera pas, non mais !

Puis vient le moment où on se dit : non ce n’est pas vrai, ça ne peut pas m’arriver ? Je ne suis pas vraiment enfermée ! C’est une blague !

Que faire ? Crier ? Aucune chance, les gens passent en voiture à cet endroit, pas à pied. Et puis je connais ma voix, on me dit souvent que je ne parle pas fort ! Crier ce serait en dernier ressort si je n’avais pas de portable, bénis soit les portables !

Je ne vais quand même pas déranger les pompiers ? D’accord la caserne n’est pas loin, mais ce sont surtout des bénévoles, et je n’ai pas trop envie que demain mon histoire soit publiée dans la Détresse du midi !

J’appelle Gaël ! Pas pour qu’il vienne me délivrer, il habite à 8 kilomètres, mais il connait surement quelqu’un dans le village, susceptible de venir m’aider !

Première sonnerie, messagerie. Normal c’est un champion de la communication. J’essaye le fixe, sauf qu’il n’est pas chez lui mais chez ses parents ?  Si je tombe sur son père, ça me gêne un peu. Oui non ? J’hésite.

Je réfléchis à d’autres numéros possibles ? Je fais défiler les contacts. Tant pis je réessaye Gaël encore une fois.

Là j’avoue que je commence à paniquer, j’ai le nez collé à la porte. D’ailleurs quand j’entends sa voix, je ne sais même plus si je l’appelle sur son fixe, si c’est lui qui me répond ou pas…

- C’est Louisianne
- Louisianne Ça va ?
- Non j’ai un grave problème ! Je suis enfermée dans les toilettes à Petite Colline !
- J’y suis à Petite Colline j’arrive !
- Je suis dans les toilettes de la poste !… ben oui c’est petit, mais il y a quand même deux toilettes publiques, à chaque bout du village !

Ouf ! Trois fois ouf ! Je suis sauvée ! Quelle coup de chance !

J’attends un peu. Puis je l’entends. Je me recule un peu, je me dis qu’il va donner un coup d’épaule dans la porte, comme dans les films !
Et je vois la poignée tourner tout doucement avec un facilité déconcertante, à tel point que je me demande si je ne suis pas folle :
- non ce n’est pas possible !

La porte s’ouvre et je le vois mal rasé, beau comme un galion… non ça c’est une chanson de Mauranne  !

Il me dit :
- quelqu’un t’a enfermée !

Et me montre la poignée complètement tournée de manière à bloquer la porte contre le battant ! Je n’en reviens pas !
- je ne viens plus ici ! Regarde c’est ce poteau là qui s’est jeté sur ma voiture !

Puis il me dit :

- j’ai cru que c’était une blague, que tu m’avais vu passer en voiture !
- non je ne savais pas que tu étais là ! Je voulais te demander si tu pouvais trouver quelqu’un dans Petite Colline pour m’aider !


Je lui dis  : ça tombe bien je voulais t’appeler, tu n’as pas répondu à mon sms hier !

Normal c’est un champion de la communication !

Mais là, j’avoue la communication a été parfaitement synchrone !