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Victoria aurait inventé n’importe quoi pour pouvoir aller au rendez-vous, au pire elle aurait sauté par la fenêtre, si ses parents lui avaient interdit de sortir ! Heureusement elle n’a pas eu à le faire, il suffit de dire qu’elle va manger une glace et se balader sur le port avec deux ou trois copines.

Comme le matin, elle s’est habillée avec soin, comme le matin, elle est très nerveuse. Elle a au moins une demi heure d’avance. Le port n’est pas très grand, mais elle ne sait pas où attendre. Elle n’a pas pris de sac à main et se sent un peu gauche, plantée là, à attendre. Elle sait que sa bande d’amis est au cinéma, elle est donc tranquille pour quelques heures, mais elle craint quand même de croiser une brebis égarée qui lui demanderait ce qu’elle fait là et de ne pas pouvoir s’en débarrasser. Elle n’a rien raconté à personne, elle a l’impression que sa bande de potes est à des années lumière de ce qui lui arrive.

Elle regarde les bateaux se balancer sur l’eau. Beaucoup de bateaux de pêche et un ou deux petits bateaux  de plaisance blancs avec cabine de pilotage. Il doit y avoir une cabine intérieure tout en miniature, mini cuisine, mini lit. Il faudra que je visite un jour.

Elle se surprend à scruter toutes les silhouettes qui de loin lui font penser à Nolan, à se tromper à chaque fois, à dévisager des inconnus, à avoir le cœur qui s’emballe pour un oui ou pour un non !

Et naturellement quand il arrive, qu’il se rapproche d’elle d’un pas vif, elle ne l’a pas vu arriver ! Il lui dit seulement : “ne restons pas là” et ils marchent vers une petite rue qu’elle ne connaît pas.

La rue se transforme vite en sentier de sable et s’éloigne de la ville. Alors le médecin visiblement plus détendu ralentit le pas, et lui prend la main :
 
- Je m’appelle Nolan, je n’ai pas eu le temps de te le dire !

Puis ils marchent. Ils s’enfoncent dans la campagne, la mer apparaît parfois derrière les joncs et les pins, puis disparaît. Mais Victoria voit à peine le paysage. Nolan s’est mis à parler. Il lui dit qu’elle lui a plu tout de suite, petite fille perdue dans la salle d’attente, jeune déesse inconsciente de sa beauté. Victoria rougirait presque. Il lui parle, de sa voix envoutante, mais lui pose surtout beaucoup de questions. Elle ne voit pas le temps passer, elle répond, il lui demande des choses que personne ne lui a jamais demandé, il souligne parfois ses contradictions. Victoria a l’impression d’être une enfant, d’avoir si peu de choses à raconter, si peu à dire ! Il parle aussi un peu de lui. Il lui dit où il habite, pourquoi il est ici en remplacement.

Puis ils se retrouvent dans une petite crique. Et là Victoria voit un de ces mini bateaux qu’elle admirait tout à l’heure.

- Ce n’est pas à moi ! C’est au médecin que je remplace ! Il m’a dit que je pouvais l’utiliser, mais je ne sais pas naviguer ! Mais on peut aussi l’utiliser quand il est amarré !

Victoria le suit et monte sur le pont. Puis ils descendent dans la cabine, en effet il y a bien un mini lit, mais pour deux personne. Elle regarde autour d’elle, mais n’ose pas le regarder. Elle sait ce qui va se passer ! Elle est à la fois excitée et effrayée…