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Lucie arrive à la gare. Elle s’arrête dans un bar, commande un café et va aux toilettes se rafraîchir un peu. Puis elle hèle un taxi. Ludo ne lui a jamais donné son adresse, mais elle l’a trouvé sans problèmes, les hommes sont de grands naïfs.

Le taxi la dépose devant un immeuble. Une porte peinte en bleu entre un fleuriste et un magasin de meubles. Elle hésite avant de sonner à l’interphone, si elle dit ” Lucie “, il risque de ne pas lui ouvrir. Puis soudain elle a une idée : je vais dire ” c’est moi “, ça peut marcher surtout si il est marié.

Elle sonne, mais avant qu’elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle entend ” 2ième étage droite ” pendant que le bip de la porte se déclenche. Elle ouvre et entre, grimpe les deux étages avec sa valise.

Il ouvre la porte, c’est bien lui. Un grand sourire lui barre le visage, mais presque aussitôt le sourire disparaît, l’homme a blêmi en la voyant.

- Bonjour ” dit elle gaiement, et profitant de sa surprise, elle le pousse pour rentrer, traverse l’entrée et se retrouve dans une pièce où une jolie table avec des chandelles a été dressée.

-  Tu… tu n’as pas eu mon mél ?  bafouille Ludo, complètement désarçonné.

- Quel mél ? Oh quelle belle table ! C’est trop gentil ! Tu ne m’avais pas donné ton adresse, mais comme tu n’es pas venu à la gare, je suis venue. Je comprends mieux maintenant, tu étais trop occupé à préparer tout ça.

Lucie rit beaucoup intérieurement. Il est maintenant en sueur, il ne sait plus où se mettre. Elle s’étonne aussi de son talent d’actrice alors qu’elle aimerait le tuer.

- Euh écoute Lucie, je ne sais vraiment pas comment te dire ça… Mais voilà… Euh tu aurais du lire mon mél, je… enfin… Comment dire, j’ai du me… Enfin tu n’aurais pas du venir…

Lucie prend le temps de prendre un grain de raisin dans la coupe à fruits.

- Mais je n’ai pas eu le temps de lire mes méls, j’ai fait du shopping toute la journée. Et c’est quoi le problème ? Si il y en avait vraiment un, tu m’aurais prévenue par téléphone non ? C’est quoi le problème ? Tu as perdu un proche ?

Elle l’a vu tressaillir quand elle a dit ” tu m’aurais prévenue par téléphone…” Le crétin doit se rendre compte de sa bévue, quel imbécile il a été. Il a cru se débarrasser du ” problème ” avec une ligne dans un mél !

Il devient de plus en plus nerveux. Elle se dit que l’heure où ” l’autre ” doit venir doit approcher. Il transpire de plus en plus.

Elle reprend son ton de gamine enjouée : ” Je n’ai même pas enlevé mon manteau, ni mes gants, tu aurais pu me le proposer . Ah ! J’y pense, j’ai un cadeau pour toi dans mon sac “