Lorsque l'on pense à une relation d'amitié, il y a des conversations que l'on est sur d'avoir : l'ami (employé pour amie aussi, je n'ai pas envie de mettre des e entre parenthèses) c'est celui à qui on se confie.

L'ami c'est celui qu'on appelle en cas de coup dur, celui qu'on écoute aussi.

Ces conversations là, on sait qu'on les aura. Et finalement même quand on se recueille sur la tombe d'une amitié morte, on peut encore les avoir : appeler un ancien ami pour pleurer sur son épaule, sauf si bien sûr on s'est quitté fâchés... C'est un peu ce qui s'est produit dans ma relation avec Laurent.

Il y a une chanson de Stephen Eicher, Traces, qui illustre très bien cela... Voici mes extraits préférés, mais vous pouvez la lire en entier .

Je les entends parler
S'éloigner dans la rue
Puis tout à coup cesser
Disparaître de ma vue
Les liens se sont usés
Le temps nous a vaincus
Plus rien à partager
Que sont amis devenus ?
[...]
Si l'on n'meurt pas d'un coup
C'est par petits morceaux
La toiture qui se troue
Puis la cave qui prend l'eau
Nous nous aimions beaucoup
Ne nous blessons pas trop
Amis je pense à vous
Et murmure dans votre dos

La toiture qui se troue et la cave qui prend l'eau, magnifique non !

On oublie pas ces conversations là... Mais il y avait des choses que j'avais totalement oubliées.
Et tandis que derrière moi la toiture se troue et la cave prend l'eau, plus rien à partager, que sont amis devenus, devant moi se monte l'édifice d'une nouvelle relation, d'une nouvelle maison dont le toit et la cave se solidifient à chaque instant.

Tout l'été je me suis rendue compte combien il est important de  partager. Comme ces choses qui n'existent jamais tant que le manque qu'elles ont laissé... ça c'est du Goldman !
Faire les mêmes choses, connaître les mêmes gens, se voir souvent...

Ces petits rien qui changent tout : quand Gaël et moi sortons chacun de notre côté et qu'on s'appelle le lendemain :
- Moi j'étais là et toi ? C'était bien, tu as fait quoi ? On se voit ce soir ?
Et bien sûr parler de lieux, de personnes que nous connaissons tous les deux. Sa famille, la mienne, l'endroit où nous habitons, tout cela on aime le partager.

Là je me suis rendue compte comme c'était loin la période où je partageais avec Laurent. Bien sûr qu'il me dit toujours "tu te souviens de mon cousin Antoine". Bien sûr que nous avons un passé commun, mais ce n'est pas la même chose... 

Mais cela fait des années que nous ne ne faisons plus rien ensemble, que nous ne nous disons plus :
- tu as fait quoi hier soir, tu seras à la soirée de Philippe".

Il ne suffit pas de se retrouver face à face au restaurant et de se confier. La toiture a pris l'eau il y a longtemps et je n'ai pas voulu le voir. 

Aucune amitié ne peut être vécue cachée comme une relation adultère. Même si deux amis ont besoin de tête à têtes, la relation se vit en partageant. Gaël est fier de me présenter, heureux que je sois là en soirée. Moi je suis heureuse quand il est chez moi, heureuse qu'il connaisse ma famille, et fière de lui aussi.